AMAZIGH KATEB: "Le cinéma était un défi"

POINT DE PRESSE DE AMAZIGH KATEB À L’HÔTEL HILTON
Par O. HIND – lexpressiondz.com Mardi 17 Mars 2015

C’est un artiste visiblement apaisé et serein qui répondra aux questions des journalistes, non sans se départir de son franc-parler tranchant, rehaussé parfois d’un zest d’humour certain.
En prévision de son concert qu’il compte animer le 20 mars prochain à la Coupole dans le cadre de l’événement Welle Sound sur initiative de Welcome Adevertising, le chanteur du groupe légendaire Gnawa Diffusion, Amazigh Kateb a animé en présence de son agent Yassine Gouri, un point de presse à l’hôtel Hilton où il est revenu sur son actualité artistico-culturelle non sans faire part de son point de vue très critique et sans ambages sur ce qui secoue le pays actuellement dans le sud du pays l’imputant comme résultante manifeste à l’hégémonie impérialiste qui prévaut dans le monde.
Tout d’abord, il s’est réjoui de revenir en Algérie après un an de séparation avec son public, annonçant par ailleurs le tournage d’un clip les 25 et 26 mars prochain à Alger, sans préciser le titre du morceau et le départ après pour Oran où il se produira le 27 puis les 29 et 30 dans la ville de son enfance, Sidi Bel Abbès où son père était le directeur du théâtre régional, là où il a grandi, joué étant enfant, gardé de très bons souvenirs notamment de cette belle musique du terroir qui nourrit cette ville. Amazigh Kateb regrettera le fait de ne pas jouer beaucoup dans les petites villes, dénonçant cet état de centralisation.
«Cela fait du bien d’être en Afrique, j’en ai marre des couleurs pastel» a-t-elle confié entre soupir et sourire, content de retrouver les parfums de sa terre natale. Evoquant son rôle dans le film El Wharani de Lyes Salem, Amazigh Kateb dira que le deal était que le fameux titre «Leila» qu’il interprète dans le film ne sorte pas avant, soulignant surtout la belle «expérience humaine» qui a caractérisé surtout le tournage en «deux tranches» et lui a permis de rencontrer des gens, comme l’acteur Djamel M’barek qui est devenu un ami. Leila, un superbe morceau envoûtant, au demeurant, qui sera joué en live sur scène a-t-il fait savoir. A propos du film Maintenant ils peuvent venir, réalisé par Salem Brahimi, d’après le livre de Arezki Mellal et dont il tient le rôle clé, l’auteur de Match Betikh soulignera que le tournage est bien fini, une première projection a déjà eu lieu mais le film est à la recherche actuellement de distributeur pour qu’il puisse être sur grand écran en automne prochain, y compris en Algérie. Abordant cette nouvelle casquette de comédien qu’il arbore depuis peu, Amazigh Kateb avoue: «Je suis un touche-à-tout. J’aime bien le chantier, le plâtre, la poussière. J’aime bien toucher les choses de près, et ne pas me contenter de les contempler de loin.
La musique, quand j’étais enfant, me semblait quelque chose d’onirique, voire d’idyllique. Quand on grandit on se rend compte de la complexité des choses. Le cinéma c’est technique mais c’est difficile et différent. Contrairement à la musique, il fallait que je comprime mon énergie. En musique tu fonctionnes selon l’ambiance.
Le cinéma c’était un défi. Nous avons tourné un mois à Alger et un mois à Marseille. Un tournage galopant. J’ai eu le coup de foudre pour le livre d’abord. Le réalisateur m’a surtout conseillé de me lâcher. J’ai fait ce que j’ai pu. Je n’ai pas encore vu le film. L’histoire que j’ai tournée était touchante d’autant qu’elle se termine avec un père de famille avec ses enfants. Devenu moi-même père de deux enfants c’est quelque chose de très fort, que de ressentir cela sur le film. Le fait d’avoir des enfants aujourd’hui ça m’a permis de me calmer. J’essaye désormais de garder un minimum de temps avec mes enfants…»
A propos de ce qui se passe en Algérie et notamment des protestations survenues à In Salah à propos du gaz de schiste, Amazigh dira: «Difficile pour moi de parler de la situation en Algérie n’étant pas ici Ce qui est en partie vraie. Car je ne suis pas impliqué directement dans la vie culturelle et politique du pays, néanmoins je sais que derrière cette histoire de gaz de schiste il y a de la trahison. On a l’impression d’être dans le rokhs et la khsara. Le fait que l’Algérie négocie avec Total, la France ce terroir néo-impérialiste qui instaure le chaos au Mali… (…). Ce qui s’est passé à Ghardaïa, In Salah etc. résulte de cette culture mondiale ethnoraciale. Aujourd’hui, les discours politiques ne sont pas forcément porteurs de renouveau mais en réalité à une classe politico-financière. On n’a pas besoin de l’argent du Qatar qui fabrique le djihadisme dans le monde entier. La politique est insidieuse. il faut résister et ne pas se laisser faire!». A une question relative à la non-participation de Gnawa Diffusion dans le reste du pays, son agent Yassine Gouri soulignera le problème du manque d’organisation, de contraintes financières et techniques arguant par ailleurs avoir besoin de conditions adéquates pour monter de tels concerts.
Pour Amazigh, «il y a souvent un problème de lieu qui se pose». Il n’omettra pas d’ailleurs inviter les groupes locaux de Sidi Bel Abbès à lui envoyer leur musique via facebook en vue d’une sélection pour assurer la première partie de concert là-bas. «je voudrais que ces jeunes viennent s’exprimer» et de rajouter: «A Sid Bel Abbès il y a des sons très roots que j’aime beaucoup.
Ce genre de raï a disparu hélas!» Evoquant ses projets l’auteur de Sabrina, Bab El Oued Kingston et Malika notamment, dira que son prochain album comportera des textes de son père et d’auteurs incarcérés. Pour ce faire, il a confié avoir été aux USA et découvert des textes écrits par les prisonniers de Blacks Panthers. Il soulignera enfin aussi son voeu de chanter cette fois en amazigh. Notons que la première partie du concert d’Alger sera animée par le Dj Rone et à Oran par le Dj Boulaone. Et ça débutera à partir de 17h.

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