Hindi Zahra, la patrie du cœur. Deuxième album, Homeland

Hindi ZahraRFI – 14/04/2015. Ces dernières années, Hindi Zahra aura passé le plus clair de son temps à parcourir le monde au rythme de son élément préféré, la scène, et puis elle sera retournée vivre un temps au Maroc, le pays de ses origines. C’est là-bas que la chanteuse a imaginé une bonne partie d’Homeland, son deuxième disque. Bien dans la lignée de ses premières expériences, il fusionne le blues du désert, les boléros et les airs jazzy dans des chansons pop toutes simples mais toujours diablement élégantes. Rencontre avec une fille de caractère qui sait pourquoi elle prend son temps.
Cinq ans se sont écoulés depuis la sortie de votre premier disque, Handmade. C’est le temps qu’il vous faut pour écrire un album ?
C’est le rythme du chameau. Le chameau avance lentement, mais d’un pas sûr. Il n’a pas besoin de beaucoup d’eau mais il peut parcourir une grande distance. Il faut du temps pour construire des chansons qui s’inscrivent dans la durée, écrire des choses éphémères ne m’intéresse pas.
Homeland/la patrie, qu’est-ce que cela signifie pour vous qui êtes née au Maroc et êtes arrivée en France adolescente, dans le cadre d’un regroupement familial ?
En allant au Maroc, je pensais me rapprocher de mes origines mais une fois de plus, le Maroc m’a projeté ailleurs. Je suis berbère, je suis une fille du sud, on a cette culture nomade. Même au Maroc, je ne suis pas née où sont mes origines, je viens d’une famille de militaires, on allait d’une ville à l’autre… Ces dernières années, j’ai joué un peu partout dans le monde, jusque dans des pays où je n’aurais jamais imaginé aller, et ce que nous apprend le fait d’être tout le temps en transit, c’est en définitive que notre patrie est en nous, à l’intérieur.
Sur le fond, vous n’avez pas changé, vos disques sont toujours composés de chansons pop très légères. Mais il y a une grande nouveauté ici, la percussion…
J’ai fait la connaissance de Rhani Krija, un grand percussionniste qui a travaillé avec Sting, avec Stevie Wonder, et je me suis dit que si je rencontrais quelqu’un comme lui, il fallait que ça donne quelque chose. Il est venu avec une camionnette de percussions, il a tout installé dans le riad où je logeais à Marrakech, et pendant cinq jours, on a enregistré les percussions. Une fois que j’ai eu ces percussions avec le bon clic, les mélodies sont venues, cela a été une base pour une bonne moitié de l’album. The blues, j’avais cette guitare en tête (elle chante la mélodie)… La percussion, c’est aussi le contact avec la peau, la transe. Des musiciens comme Led Zeppelin l’ont utilisée et c’est cette transe qu’on retrouve dans le blues d’Ali Farka Touré ou même, dans la mesure à 6/8 de Fela Kuti.
Quels sont les thèmes de cet album ?
L’amour ! J’ai rencontré quelqu’un et il a en quelque sorte été ma muse. Dream, Silence, Un jour, La luna, c’est lui…
La chanson Broken Ones, la plus triste et la plus obsédante de ce disque, n’est donc pas une chanson d’amour malheureuse.
Non, en effet, elle parle de deux enfants que j’ai vus et qui avaient déjà des visages d’adultes, parce qu’ils ont été cassé par la vie. Qu’un adulte soit marqué, cela peut s’imaginer, mais un enfant, non. Dans cette chanson, je me suis donc demandé ce que pouvaient devenir ces gens qui ont été cassés dès la naissance. Cette chanson pourrait se passer dans la rue, n’importe où dans le monde, mais elle peut avoir pour cadre un foyer, juste parce qu’une personne est prisonnière de ce qu’elle est. L’une des filles qui m’a inspiré cette chanson vivait d’ailleurs dans un foyer, elle avait une famille.
Vous avez récemment participé au disque hommage à Nina Simone, Autour de Nina, pour lequel vous avez interprétez Just Say I Love Him. Qu’est ce que Nina Simone représente pour vous ?

(Dessinant un A majuscule du doigt) L’artiste à 360 degrés… On l’a rejetée aux Etats-Unis parce qu’elle critiquait son pays, mais en voyant cette société, j’ai pu comprendre cette attitude. Elle rêvait d’être concertiste, c’est-à-dire une artiste élitiste, mais n’a jamais pu l’être, sans pouvoir faire ce qu’elle voulait, elle a accompli de grandes choses dans la musique populaire. Elle était dure, oui, mais en l’écoutant, on se rend compte qu’elle a tout sacrifié pour la musique, qu’elle a fait passer sa musique avant elle même. En étant chanteur, on sacrifie cette sécurité, on ne sait jamais de quoi demain sera fait, alors que c’est ce que tout le monde cherche un peu à avoir dans notre société.Le clip de Beautiful tango, la chanson qui vous a fait connaître, a été tourné par le cinéaste Tony Gatlif et vous avez fait vos premiers pas au cinéma…
Vous voulez dire qu’il y a une signe ? (large sourire) Faire l’actrice, c’était pour moi l’occasion de découvrir quelque chose. Sur un plateau de cinéma, il y a 300 personnes, plein de métiers, cela permet de se nourrir, et on touche à des budgets énormes qui ne sont pas ceux de la musique. Il n’y a jamais 300 personnes qui travaillent sur un disque, donc, si je peux participer à cela, même pour cinq jours, pourquoi pas ? J’ai fait de mon mieux pour bien faire et je crois que j’ai bien fait. Et puis, c’était pour des réalisateurs comme Tala Hadid ou Fatih Akin… Le cinéma est différent de la chanson parce qu’être actrice, c’est être soi-même dans le corps d’un autre, alors qu’être chanteuse, c’est chercher à être le plus possible soi-même.
 

Hindi Zahra, Homeland (Parlophone), 2015
Site officiel d’Hindi Zahra 
Page Facebook d’Hindi Zahra
A écouter: La session live avec Hindi Zahra dans La Bande Passante (16/04/2015).
                                                        
En concert le 20 mai à La Cigale à Paris.
 

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