AVANT-PREMIÈRE DE TAGNAWITUDE À LA SALLE EL MOUGAR – ALGER

AVANT-PREMIÈRE DE TAGNAWITUDE À LA SALLE EL MOUGAR
Les mystères de la transe

Rahma Ben Hamou El Madani a présenté mercredi dernier, son nouveau documentaire intitulé Tagnawi-tude. Un film qui est allé fouiner dans le passé de la musique gnawa et ses rites ancestraux pour comprendre les pratiques auxquelles s’adonnait sa mère (de la réalisatrice). Des images qui l’ont marquée enfant. Partant de cette motivation-là le sujet emmènera notre réalisatrice, du Maroc à l’Algérie, en passant par la France, terreau du groupe Gnawa Diffusion.
Elle y rencontrera le leader de ce groupe musical Amazigh Kateb et ses musiciens (Pierre Feugier et Aziz Maysour) lors d’une résidence musicale à Roubaix. Ainsi, dans son film, Rahma part du moderne pour arriver en fin de parcours au traditionnel. Gnawa Diffusion qui revendique notre identité africaine, parle de ce combat séculaire, matérialisé avec des ingrédients d’aujourd’hui.
«Un renouvellement de la musique» chère à Amazigh Kateb pour contrer le dessèchement de la culture. De la Guiné-Bissau à Timimoun, Rahma évoque le rôle du guembri et part à la rencontre de plusieurs maâlems. Celui du groupe Gnawa Diffusion est tout trouvé, il s’agit de Aziz Mansour, la veine traditionnelle de cette formation.
S’ensuivirent des rencontres avec plusieurs maâlems, pour reconstituer le puzzle de l’histoire de la transe, notamment Hmida Boussouf, Maâlem Ben Issa (Benaïssa Bahaz et bien d’autres rencontrés au gré de son enquête, que ce soit à Sidi Bel Abbès ou à Essaouira (festival), Marrakech et Tamesloht (Maroc). La musique est prégnante dans ce documentaire comme les images de hadra et de cérémonials de guérison, réunissant hommes et femmes, jeunes et vieux, où l’on passe par plusieurs étapes déclinées en couleur (jaune, rouge, noir etc) pour évacuer complètement les mauvais esprits.
En fin de parcours, la réalisatrice avoue à demi-mot son échec de comprendre tout ce qui se passe autour d’elle. Son film un peu long, nous invitera à un voyage aux confins du mystique. Il tentera de percer l’énigme de la pratique gnawi avec ses codes et ses comportements. Plus le temps passe, plus le documentaire s’enfonce dans la transe, s’enlise presque malgré lui. Pas de délivrance, ni d’échappatoire.
Le film s’achève presque sans réponse, si ce n’était d’avoir touché du doigt la réalité de cette musique qui est loin d’avoir livré tous ses secrets.
Redondant par moment et lent, Tagnawitude donne quelques clés sans pour autant élucider le mystère des Gnawa. La parole est donnée à des musiciens uniquement. Sans doute, il aurait fallu faire appel aussi à des ethnologues, des musicologues ou des historiens.
L’intime prévaut ainsi sur le didactique même si celui-ci est bien présent. Autre choix de style cinématographique, est la manière qu’ a eu la réalisatrice, à l’instar des films de Depardon de s’intégrer dans le cadre de son film comme pour y illustrer, inconsciemment, son parti pris intégral, l’histoire du film étant un enracinement fusionnel et filial pointu la liant via sa mère à toutes ces confréries gnawa qui règnent dans le monde.
O. HIND
13 11 2010
http://www.lexpressiondz.com/

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