«Le raï a une valeur à Oujda»

Voix puissante de l’Orchestre National de Barbès et de Raïna Raï. Parvenu à imposer le raï en Algérie dès son efflorescence, Larbi Dida revient sur les temps forts de son histoire avec la musique et du concert de la 5e édition du Festival international de raï à Oujda.
Comment êtes-vous venu au raï ?
J’ai débuté dans les mariages aux côtés des futurs membres de Raïna Raï, Lotfi Attar, Kada Guebbache, feu Djilali Reskallah qui travaillaient en fusion avec de nombreux chanteurs et musiciens. Nous étions originaires de Sidi Bel Abbès et amis d’enfance. Ce sont les concerts destinés aux mariages qui nous ont peu à peu permis d’enregistrer des cassettes audio, ce qui se faisait à cette époque pour les groupes en Algérie. La formation s’est naturellement réalisée avec ceux qui travaillaient et répétaient régulièrement. Le premier album a été un album-événement qui a révolutionné la musique algérienne, il introduisait de nouveaux instruments actuels comme la batterie, la basse, le clavier. En 1986, nous avons participé à un festival de raï qui a été marquant pour le groupe. Notre arrivée en France a suivi, j’ai rapidement pris la décision de quitter Raïna Raï car je souhaitais vivre en France.
Pour continuer à faire de la musique ?
Pas uniquement. J’avais, dans un premier temps, le projet de suivre des études de géologies et la vie m’y plaisait. J’ai ensuite créé le groupe Dida en 1990, composé du bassiste Youcef Boukela, imprégné de rock, fondateur du groupe T 34 et du batteur Karim Ziad, qui s’inspirait d’un son issu de la même école musicale que Raïna Raï, nourri essentiellement de fusions et d’influences diverses et d’un raï provenant de l’ouest algérien.
«Le producteur Djilali Aïchoun, séduit par la touche alaoui, que j’avais apportée pendant cette performance, a eu l’idée de nous réunir pour la formation de l’Orchestre National de Barbès ».
Nous avons fini par nous séparer, Youcef Boukella a créé de son côté, un autre groupe et nous nous sommes retrouvés lors du concert live qui se tenait à Créteil au milieu des années 90, et auquel Djilali m’a invité à chanter avec son groupe. Le producteur Djilali Aïchoun, présent ce soir-là, et séduit par la touche alaoui, que j’avais apportée pendant cette performance, a eu l’idée de nous réunir, chanteurs et musiciens, pour la formation de l’Orchestre National de Barbès.
Pourquoi ce nom, qui rappelle Barbès ?
C’est un lieu symbolique qui a toujours regroupé la vie et les nouvelles propres à la communauté algérienne immigrée. Un véritable vivier de nouvelles en constante ébullition.
Parlez-nous de l’aventure musicale liée à l’Orchestre National de Barbès …
Youcef Boukella a ensuite fait appel aux futurs membres de cette nouvelle formation : Aziz Sehmaoui, originaire de Marrakech ; Fateh Benlala ; Kamel Tenfiche, Olivier Louvel, Jean-Baptiste Serré, Tewfik Mimouni. Nous étions trois chanteurs et six musiciens. Nous avons travaillé durant deux ans à la réalisation d’un premier album. Les deux singles extraits n’ont pas rencontré de succès, par contre, le troisième, sorti à la demande de Canal +, a explosé les bacs, devenant rapidement un tube. Il a fait l’ouverture du dernier concert des Rollings Stones à Paris ! Je me souviens encore de la surprise de Philippe Gildas, sur le plateau de Canal +, quand j’ai joué de mon sifflet, instrument de musique à part entière , encore méconnu du grand public ! J’aurais dû l’offrir à Gildas, mais sur le fait, je n’y ai pas pensé…
Cet orchestre débarqué soudainement sur la scène parisienne avait créé une sacrée surprise…
Nous étions Algériens, Marocains, Français, et nous proposions un pur brassage musical. Trois concerts ont suivi à la Cigale, puis une tournée à travers les différents festivals en France et aux États-Unis.
Que vous a inspiré cette 5e édition du Festival international de raï à Oujda ?
Une immense joie. Le raï a une valeur dans cette ville. C’est un festival dont il faut prendre soin, car il accorde une grande importance au staïfi, terghi, chaâbi, gnawa. Cette invitation m’a rempli de fierté, en tant qu’ex-chanteur de l’Orchestre National de Barbès et de Raïna Raï. J’ai été très heureux de retrouver Lotfi Attar sur scène.
Quels sont vos projets ?
Je poursuis une carrière solo. Mon nouveau single, Boug Boug est sorti ainsi que son clip.

Deux dates clés
– 1995 : création de l’Orchestre National de Barbès, fondé par Youcef Boukkela, compositeur et bassiste algérien sur une idée du producteur algérien Djilali Aïchoun.
– 1980 : formation de Raïna Raï à Paris avec des musiciens et des chanteurs originaires de Sidi Bel Abbès.

Fouzia Marouf
http://www.lesoir-echos.com/2011/07/28/%C2%ABle-rai-a-une-valeur-a-oujda%C2%BB/

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