Yalhane Mécili. «Pour rendre les coups, j’ai pris la plume»

Yalhane Mécili. Rappeur et fils d’Ali Mécili
Le fils porte haut la mémoire et le combat du père. Telle est l’histoire de Yalhane ou I-grek, fils du défunt Ali Mécili. Dans sa toute dernière chanson «Tagara n ugrawliw» (La fin d’un révolutionnaire, ndlr), diffusée sur Internet, le rappeur franco-algérien hausse davantage le ton pour dénoncer l’impunité dont bénéficient les assassins de l’ancien numéro deux du FFS depuis le 7 avril 1987.

Votre dernière chanson  partagée sur les réseaux sociaux est un hymne à votre père. Pourquoi un tel titre à ce moment bien précis de votre vie ?
Avant d’être un hommage à mon père, cette chanson évoque d’abord les sentiments d’un enfant confronté à un événement d’une violence inouïe venu soudain s’abattre sur sa famille. Un événement auquel il n’avait pu se préparer et qui le laisse dans un état d’effroi et d’incompréhension. Il aura fallu toutes ces années pour que je parvienne enfin à en parler, à en faire une chanson, comme pour exorciser les démons qui me poursuivent.
Cet hommage est fait en kabyle. Quel sens devrons-nous donner à ce choix inhabituel ?
C’est d’abord en souvenir du combat de mon père pour la langue et la culture berbères, partie intégrante de son combat plus large pour les droits de l’Homme et la démocratie en Algérie. A la maison, on écoutait les 33 tours d’Idir, Djurdjura, Aït Menguellet, Ferhat Imazighen Imula, etc. La musique kabyle moderne des années quatre-vingts a bercé mon enfance, avant que je ne découvre le rap français et commence à écrire mes premiers textes. Ma dernière chanson, Tagara n ugrawliw, est une sorte de mélange de ces deux courants musicaux, qui ont en commun des thèmes plutôt contestataires et une forte dimension poétique.
Et puis, c’est pour la raison la plus simple du monde : par amour pour cette langue tamazight qui nous vient de si loin, menacée de disparaître et pourtant toujours bien vivante. Comme vous le savez, ce n’est pas ma langue maternelle, je l’apprends depuis bientôt trois ans et j’ai très vite ressenti le désir d’écrire et de chanter en kabyle.
Bien sûr, mon kabyle est loin d’être parfait, il est encore teinté d’accent parisien, mais comme on dit : yal yiwen s teqbaylit-is ! (A chacun son kabyle, ndlr).
Le texte de cette chanson, justement en tamazight, est-il un cri de désespoir ou d’espoir de voir un jour les assassins d’Ali Mécili punis ?
C’est plutôt un cri d’espoir, un cri contre l’oubli, et ce cri ne s’arrête pas seulement à mon histoire personnelle. Il concerne le peuple algérien dans son ensemble qui a besoin de vérité et de justice – sur son Histoire même, sur les assassinats politiques, l’implication des services secrets pendant la décennie noire, les disparus, etc.- pour pouvoir avancer sereinement.  On ne peut rien bâtir de durable sur le mensonge, l’arbitraire et l’amnésie décrétée.
Dans ce sens, la justice française risque de fermer définitivement le dossier d’instruction en septembre prochain. Qu’en pensez-vous ?
Je pense que ce serait un déshonneur pour la France et pour les valeurs qu’elle prétend incarner. Cela équivaudrait à une soumission pure et simple de la justice française au pouvoir algérien. Et cela signifierait clairement que les crimes politiques peuvent demeurer impunis sur le sol français ; au nom de la  «raison d’Etat»… Je pourrais même dire au nom d’une «double Raison d’Etat»…
Question plus personnelle si vous le permettez : comment votre famille vit-elle cette situation, notamment la manière dont le gouvernement français a fait la sourde oreille devant les lettres ouvertes d’Annie Mécili ?
Ma famille, bien qu’usée par ce silence assourdissant, n’abandonne pas. Et ce sont le soutien indéfectible et la détermination de tous nos amis et des militants fidèles depuis toutes ces années qui nous donnent le courage de continuer…
Et que compte faire votre famille sur le plan juridique face à l’éventuelle confirmation d’un non-lieu par la Cour d’appel de Paris en septembre prochain ?
Je ne peux même pas envisager un tel déni de justice et un tel encouragement à l’impunité de la part d’une justice qui se veut indépendante. En tout état de cause, si cela devait advenir, vous n’êtes pas sans savoir que d’autres recours sont envisageables et notamment devant la Cour européenne des Droits de l’Homme.
Au-delà de cette affaire de justice qui vous empêche de faire le deuil de votre père, vous avez choisi la musique pour défendre et poursuivre son combat pour une Algérie démocratique. Quelle est la différence entre l’engagement artistique et l’engament politique ?
Il n’y a pas, selon moi, de différence de fond entre l’engagement artistique et l’engagement politique. Tout dépend de la sincérité de cet engagement. Personnellement, j’ai avant tout choisi l’écriture pour m’aider à supporter la vie, à l’affronter, et pour m’apaiser intérieurement. Quant à l’engagement que l’on peut trouver dans certaines de mes chansons, pas dans toute, il s’est imposé à moi du fait de la singularité de ce que j’ai vécu et ne relève pas d’une posture : fils d’un opposant algérien abattu en plein Paris, et dont le meurtre demeure à ce jour impuni.  Je n’ai pas choisi l’engagement, je ne suis pas sûr d’avoir eu le choix ! Et pour rendre les coups, même si le combat est inégal, j’ai pris la plume. D’ailleurs, je viens de terminer un roman que j’aimerais voir éditer.
Et bien sûr, je poursuis la chanson, en français, et probablement aussi en kabyle. De nature plutôt réservé, calme et peu bavard, j’abrite pourtant beaucoup de colère. L’écriture et la chanson me permettent en partie de l’évacuer. 
Ghezlaoui Samir
http://www.elwatan.com/hebdo/magazine/pour-rendre-les-coups-j-ai-pris-la-plume-09-07-2015-299279_265.php

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