Entretien – Hindi Zahra, artisane et nomade

Hindi Zahra confectionne sa musique lentement, avec la précision de l’orfèvre, et fait vagabonder ses notes intimes sur un néo-folk à identités multiples, à l’image de ses origines amazighes et de sa vie en France. Mais en spectacle, elle s’accorde toute la liberté de l’improvisatrice et peut même devenir mordante. Révélée par la revue Wired, Hindi Zahra s’amène au Québec pour la première fois en offrant le concert de son disque Hand Made ce soir au National à Montréal et demain soir à la place d’Youville à Québec.

Le titre Hand Made révèle une partie d’une trajectoire. Elle précise: «Dans les années 1980, on croyait que les musiciens étaient des dieux, mais pour moi, ils sont d’abord des artisans. Je viens d’un pays où les arts se font à la main. Arrivée en France, j’ai constaté que l’artisanat n’existe plus, les métiers disparaissent et l’art est conçu pour une élite. L’artisanat nous rend indépendants et Hand Made est un hommage à cette façon de créer.»
L’auteure-compositrice-interprète a attendu cinq ans avant de réaliser elle-même presque toutes les chansons de l’album. La voix coule sur un folk aux claquements rythmiques, se laisse porter par des accents jazzés à la guitare acoustique ou par des couleurs qui ne sont pas sans rappeler parfois la nouvelle musique brésilienne ou le dernier album de Lhasa de Sela.
Des inflexions berbères accompagneront de subtiles textures atmosphériques. La musique deviendra syncopée ou sautillante, saharienne ou méditerranéenne, soutenue par des messages de liberté et d’amour. On y entendra surtout l’anglais, à l’exception de deux pièces en amazigh que la créatrice nous tend comme des appâts.
«Pour moi, l’anglais est une façon de faire ressortir la langue berbère pour qu’on la remarque davantage, explique-t-elle. Sinon, ça aurait été un album world à classer je ne sais où. Et mon intention était d’insérer le berbère dans un format chanson, ce qui se fait très rarement, d’autant que les mélodies que je chante dans ma langue ne sont pas berbères. Plutôt que la gamme pentatonique, j’y introduis le code occidental.»
Petite, Hindi Zahra avait déjà appris à rompre avec les convenances en improvisant avec sa famille nombreuse et musicienne, en se déplaçant souvent avec elle en tribu et en s’immergeant dans toutes les musiques ambiantes tant africaines et orientales que marocaines et espagnoles. «La situation géographique du Maroc fait qu’il est au milieu de tout, et ma musique est à l’image de ce mélange. Après tout, qui a inventé le couscous? C’est quelque chose de typiquement marocain que d’avoir tout en main.» Surtout pour une artisane nomade comme elle.

Hindi Zahra – Stand Up


À retenir
o Au National, à Montréal, ce soir 15 07 2010 à 20h30.
o À la scène Métro de la place d’Youville, demain 16 07 2010 à 19h30.
In http://www.ledevoir.com
Photo : Agence France-Presse Bertrand Langlois

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