Via www.africavivre.com Juin 2014
Par Lola Simonet
La rencontre de trois identités musicales.
Et il est important de préciser le lieu de la rencontre. Car, toujours selon l’intéressé, la ville rose et son quartier populaire, Arnaud Bernard, auront façonné la naissance de ce groupe en lui insufflant une énergie et un art de vivre tout à fait occitans.
Un immigré maghrébin, un Toulousain élevé dans la musique jazz et un Touarègue nigérien, respectivement bassiste, batteur et guitariste, ont commencé à jouer ensemble lors de buffs improvisés aux pieds de l’église Saint-Sernin. Non loin de l’espace où se tient chaque semaine le marché sur lequel « Omar », récemment arrivé en France de son Niger natal vend alors ses créations de bijoux. Il joue de la guitare à la manière touarègue lors de ses pauses et Menad Moussaoui l’a repéré.
Les répétitions s’enchaînent et suivent bientôt les concerts, nombreux en 2013, l’année où le trio décroche le trophée Tremplin Midi-Pyrénées des Francopholies. Cette année, la sortie d’un EP album de 7 titres intitulé « Abadaya », est la consécration de quatre années de travail du groupeEzza.
Riffs accrocheurs à la guitare, groove puisé dans le désert, chants traditionnels du peuple touarègue redynamisé, on se laisse entraîner par la fougue enthousiaste de ce premier opus prometteur. En Tamashek du Niger, « Omar » y appelle au règne de la paix, à la scolarisation des enfants (sa sœur n’a pas eu la chance d’aller à l’école), le respect des valeurs comme l’honneur, la dignité… Valeurs très importantes chez les Touarègues. Vivement l’album au complet !
Goumar Adam, dit « Omar », le forgeron touarèg qui rêve de musique et de voyages
Arrivé en 2009 en France à l’invitation d’amis français qu’il avait connus au Niger, Goumar Adam, dit « Omar » fera vite sienne la ville de Toulouse qui, dit-il, l’a accueilli à bras ouverts…
Issu d’une famille de forgerons touaregs du Niger, il grandit en apprenant le métier de ses parents et rien ne semble le prédestiner à une carrière musicale si ce n’est son goût pour la musique de ses ancêtres. Enfant, il s’imprègne des groupes emblématiques touaregs que sont Tinariwen, Takrist Nakal et d’autres…
Une fois en France, il vit de son métier de forgeron en le revisitant et devient créateur et vendeur de bijoux touaregs, très prisés par nos concitoyennes et concitoyens. Avec le trioEzza, « Omar » rêve encore et toujours de voyages et sait que la musique est un passeport en soi. Ce deuxième métier, comme une deuxième chance lui ouvre d’autres chemins. En bon nomade qu’il est, il ne les refusera pas…
Sa culture, la situation critique de son pays et de son peuple sont ses thèmes de prédilection. Avec Ezza, un nouveau petit frère des Tinariwen est né. On lui souhaite bon vent !
Lola Simonet