● Du 21 au 24 juin, la ville des Alizés vibrera aux rythmes de la musique gnaouie. Au menu, du jazz, de l’électro rock, des rythmes africains, de la musique soufie et du latin jazz.
● La grande nouveauté de cette 15e édition est l’organisation d’un forum autour du thème : «Sociétés en mouvement, cultures en liberté».
Lors du lancement du festival d’Essaouira «Gnaoua, Musiques du monde», ses initiateurs annonçaient un événement «pas comme les autres». Dès la première édition, le festival a réussi à se distinguer en affichant la couleur d’une fête qui mêle culture et spiritualité. Aujourd’hui, 15 ans après, le festival «Gnaoua, Musiques du monde» n’a rien perdu de son attrait. Au fil des années, il a acquis succès, notoriété et reconnaissance et un média anglais l’a, en fait, classé parmi les 4 meilleurs festivals du monde.
Pourtant, le jour où l’idée du festival a été formulée, elle n’a pas fait l’unanimité. «Quand nous avons décidé de créer le festival, sa démarche a surpris et a fait beaucoup de sceptiques. La culture gnaoui ne parle pas à tout le monde», se rappelle André Azoulay, Conseiller de Sa Majesté le Roi et président-fondateur de l’Association Essaouira-Mogador, «Dès la première année, le festival a donné le poids de sa légitimité et de sa beauté. Il est devenu l’un des plus grands de la région. Ce succès ne s’est pas traduit par une perte de sens puisqu’il a toujours gardé ses valeurs. Nous avons pris le pari de l’authenticité. Notre musique gnaouie s’inscrit dans les racines du blues et du jazz». Forte de cette réussite, Neila Tazi, directrice et productrice du festival estime que, tout simplement «l’aventure continue avec autant de passion, mais également de soucis de renouveau et d’originalité».
En effet pour fêter son 15e anniversaire, un programme diversifié sera proposé aux férus de la musique gnaouie et des rythmes du monde. «Cette année, musicalement, certains concerts s’annoncent déjà des moments de pure exception : la spiritualité lors de la rencontre entre les Qawwali du Pakistan et les Issaoua de Meknès, la fusion musicale entre le «maâlem» Hamid El Kasri et le saxophoniste Soweto Kinch. Le «maâlem» Abdeslam Alikane rencontrera le virtuose guitariste jazz Sylvain Luc, celui que l’on surnomme l’homme-guitare et bien connu pour savoir pousser très loin les limites de l’improvisation», annonce la directrice du festival.
Toute une ville en transe
Aussi, du 21 au 24 juin, de nouvelles expériences sonores viendront habiter la ville. Du jazz, de l’électro rock, des rythmes africains, de la musique soufie, du latin jazz. Cette année, l’ouverture du Festival gnaoua coïncide merveilleusement bien avec la Fête de la musique, une ouverture qui s’annonce «africaine et très dynamique», selon Karim Zyad, directeur artistique de l’événement.
Quatre jours durant, Essaouira sera en fête pour le grand bonheur des âmes gnaouis. Les images que retiennent les médias ainsi que les spectateurs qui ont vécu l’expérience de ce festival singulier sont celles d’un public en transe qui s’éclate et se laisse emporter par les rythmes enchanteurs des crotales, des «guenbris» et des tambours gnaouis. Pour les «maallems», il s’agit d’un moussem avec toute sa dimension festive, mais aussi mystique et spirituelle. Pour tous les autres, il est l’emblème de l’union des peuples par la musique, et symbole de l’ouverture sur l’autre. Quant aux artistes, ils y voient un haut lieu de métissage des genres musicaux et de fusions. Bref, un lieu où il fait bon vivre la musique avec des moments forts de grande émotion. «Je ne suis plus le même quand j’écoute un «maâllem», avoue André Azoulay. Nombreux sont les mélomanes qui partagent cette sensation.
De la musique, mais pas seulement
Plus qu’un simple événement culturel, le festival «Gnaoua, Musiques du monde» a contribué, depuis son lancement au développement de la ville. «La baraka des gnaouis», comme se plait à le penser M Azoulay, a permis le renforcement de l’infrastructure de la ville avec la construction de 200 unités hôtelières, d’un aéroport, d’une autoroute… Autant d’éléments qui rendent Essaouira plus forte et plus convaincante. Cet intérêt accordé à la ville l’a mise sous les feux des projecteurs et lui a valu le classement de sa médina au Patrimoine mondial de l’Unesco. «Le festival nous a permis de nous réconcilier avec nous-mêmes, de célébrer des valeurs universelles. En tant que patrimoine immatériel, cet événement a permis la réhabilitation d’un patrimoine matériel, celui de Borj Bab Marrakech, lancée l’année dernière et se poursuivant encore aujourd’hui», renchérie Abderrahim Elbertai, membre de l’association «Yerma gnaoua» et délégué provincial au ministère de la Culture.
Pour cette 15e édition, le festival «Gnaoua, Musiques du monde» ajoute une nouvelle brique à son édifice. «Le rendez-vous, à ne pas manquer cette année, sera sans aucun doute le forum autour du thème «Sociétés en mouvement, cultures en liberté». Un forum qui réunira des personnalités d’horizons différents pour évoquer l’importance du rôle de la culture devenue un véritable enjeu de société en ces temps de régression des libertés un peu partout dans notre région», nous apprend Neila Tazi. Et M. Azoulay d’ajouter : «Essaouira invite la culture au grand banquet de la pensée. On essaie d’interroger à la fois la musique et la culture en tant qu’espace de consensus. Le Maroc, à travers ce forum, nous explique pourquoi nous réussissons là où les autres ne veulent pas s’avancer».
Des messages que la ville véhicule tout en musique.
Le coffret des quinze ans
À chaque édition du festival plusieurs souvenirs, affiches, porte-clés, tee-shirts, casquettes… attendent les festivaliers, sur place, dans les boutiques officielles. Cette année, les producteurs ont pensé à quelque chose d’encore plus original : un coffret CD+DVD a été conçu exclusivement pour fêter ce quinzième anniversaire en beauté.
Un CD best of regroupera une sélection des meilleurs moments du festival. Des titres soigneusement choisis par les organisateurs et qui rappellent les grands moments de musique de ce festival marqué par des fusions entre Joe Zawinul, Pat Metheny, Louis Bertignac, Ray Lema, Soriba Kouyaté….et les plus grands «maâlmines». Un DVD extrait des archives de six cents heures d’images d’ambiance et de spectacles co-produites avec le partenaire Sigma Technologies. Ces archives ont été traitées de manière à en extraire le meilleur dans un documentaire rétrospectif de quatorze éditions de partage et de moments inédits. Ce documentaire, signé Abderrahim Mettour, raconte l’histoire du festival interprétée par tous les artistes qui ont participé à son succès.
Publié le : 26 Avril 2012 –
Kenza Alaoui, LE MATIN.MA