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Interview de TAKFARINAS.

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Takfarinas de son vrai nom Ahcene Zermani, est un chanteur et musicien algérien de musique kabyle. Il a vu le jour à Alger une ville d’art et de culture qui lui a inculqué l’amour de la musique.
Il a côtoyé les ténors de la chanson Algérienne, et il a continué sur sa lancée pour devenir une icône de la musique berbère. Il offre, souvent, à ses admirateurs mélomanes des délices du répertoire musical Amazighe. Fervent partisan des causes justes, il arrive à faire la jonction entre nostalgie et espoir. Fin communicateur, il rend hommage aux siens en portant haut leur patrimoine culturel.
Wahid Megherbi : Votre aura vous donne-t-elle le devoir de porter l’étendard de la musique Amazigh à travers le monde ?
Takfarinas : Merci de venir de si loin pour s’enquérir du travail que l’on fait ; c’est un plaisir de rencontrer des femmes et des hommes épris de culture. Je ne suis pas dans la musique pour avoir du prestige ou tout autre avantage. C’est un devoir de perpétuer l’Art musical Amazigh. La musique est la langue de l’amour, c’est la voie de l’espoir. Elle est la nourriture de l’âme ; c’est un plaisir d’être artiste.C’est, aussi, un mode de vie ou la ponctualité et l’effort sont de mise.
Le public vous a-t-il encouragé à tenir bon aussi longtemps ?
Les gens aiment ce que je fais, j’aime ce que je fais. Je le fais pour moi, je suis mon premier auditeur de chaque chanson que je compose. Je suis mon premier Fan. Il m’arrive de chantonner un refrain dans des moments inattendus et qui deviendra, après travail, le tube de l’année. L’inspiration est mon premier allié. Pour ce qui est des mélomanes de ma musique, il y a certains qui n’aimeront pas toutes mes chansons, d’autres en aimeront une partie. La réaction du public est toute relative mais je dois, toujours, être à son écoute.
Comment s’opère la composition de tes chansons ?
Il n’y a ni recette ni concept. Parfois rien qu’avec l’instrument et la percussion, on compose un tube qui plait beaucoup. Ayassas nezzahriw n’était pas promotionnée ni clipée mais tout le monde aime cette chanson. Certaines personnes ne comprennent pas la langue Amazighe mais ils saisiront le message véhiculé par la chanson. J’aime parfaire mon travail car je suis exigeant dans le processus de création de ma musique. Le public adhère en fonction de ses envies.
La mélodie est elle liée a votre inspiration ou dépend elle du nombre et la qualité de vos instruments ?
La mélodie, je l’écoute dans ma tête avant de la composer ; Je la vois défiler puis j’essaye de trouver les ponts nécessaires pour agencer tout cela. Il m’arrive parfois, de découvrir un nouveau refrain en écoutant la chanson d’un autre artiste. Cela est variable, il n’y a pas de mode d’emploi. Parfois la simplicité est la meilleure voie pour arriver à bon port ; chaque chanson est composée d’une manière particulière. Il m’arrive d’être dans ma voiture et d’un coup un joli refrain apparait par enchantement.
Qu’est ce qui vous a poussé à embrasser la carrière artistique ?
On ne peut accomplir une tache sans s’inspirer de celui qui nous a précédés; tout a été fait avant nous. On a construit le bateau on s’inspirant du bout de bois qui flotte, l’avion a été conçu en s’inspirant du petit oiseau qui vole dans le ciel. Tout a été modelé, dès le départ, par Allah. Je me baserai, toujours, sur une image, une couleur, une vision ou tout autre aspect pour créer un refrain ou une mélodie. On chante pour la tête, pour le cœur, pour faire vibrer le corps et surtout pour notre âme.
Êtes-vous un chanteur engagé?
Transmettre un message fait partie de l’une des missions du peuple Amazigh, qui aime, soigneusement, le texte et l’écrit. Nous avons un auditoire exigeant.
Aimez-vous la poésie?
Il faut beaucoup de maturité et de sagesse pour composer des vers de poésie; les poètes sont des personnes remarquables. La poésie est un don; j’écris 90 % des textes de mes chansons. Les 35 ans de carrière artistique m’ont permis d’acquérir la vision et maturité nécessaires pour choisir, conséquemment, les mots. J’ai chanté des textes de Ben Mohamed qui a composé, entre autre, la célèbre chanson de Idir Avaynouva, ceux, également, de Mouloud Ait Ameur, Mohamed Ouyahia, Oumoussa et tant d’illustres poètes.
Savez-vous que vous êtes apprécié dans toutes les régions du Maghreb et parmi la diaspora ?
Je suis heureux et fier de chanter pour les Amazighs, mais cela serait triste que je chante que pour eux. Je chante la langue du Monde, je chante pour toute l’humanité. Une chanson composée avec amour est appréciée par tout le monde. J’ai rencontré des gens qui pleuraient lors de mes récitals sans qu’ils comprennent le sens des mots étant donné qu’ils ne parlaient pas la langue Amazighe. Ils me répondaient qu’ils saisissaient le message de mes chansons à travers les vibrations et sonorités. Il y a une forte communion entre l’artiste et ses Fans.
Êtes-vous Ambassadeur de la culture de votre pays ?
Je suis fière de mon pays l’Algérie, je suis Ambassadeur de ma culture. Je suis fier et heureux d’être Algérien. Nous avons une très belle histoire où les Amazighs furent des acteurs de premier plan.
Avez-vous pensé à faire des Duos ?
J’ai fais des duos mais j’ai remarqué que c’est devenu une mode à copier. Il faut que le courant passe entre les artistes du duo pour que celui-ci réussisse. J’ai eu, également, l’occasion de participer à un duo avec un rappeur chinois de renommée; il a décliné mon invitation à venir se produire ici puisqu’ il m’a affirmé que sa tournée en Chine ne prendrait pas fin avant longtemps. Eh oui, la chine est un univers à elle toute seule.
Y a-t-il des choses à améliorer dans la production artistique de Takfarinas ?
On apprend tous les jours, ce que nous connaissons n’est qu’une goute dans l’océan; la musique est magique. Les hommes politiques payent pour rassembler du monde par contre, les gens déboursent pour venir nous écouter. C’est ce qui me motive et m’encourage plus qu’autre chose. Je resterai attache à ma passion jusqu’ à mon dernier souffle.
Vos chanteurs préférés ?
Aissa Djermouni, El Hadj El Anka, Tahar Fergani, Slimane Azem, Cherif Kheddam et biensur Jacques Brel , Aznavour et tant d’autres. Tout ce qui est bien fait me touche.
Votre instrument préféré ?
Le Mandole. Je viens de l’école du Chaabi Algérois, qui un style musical raffiné de pure eau.
Que représente pour vous la ville d’Alger ?
Alger est une ville riche par son histoire pleine des civilisations qui s’y sont succédées. Qu’est ce que j’en ai roulé à Alger. Dans les années soixante-dix, lorsque je me rendais aux mariages, je le faisais, souvent, à pied, arpentant les rues et ruelles de la Ville. J’y ai appris mes premiers rudiments de musique.
Quel est votre message pour vos fans au Canada ?
Bonne fête de l’Aïd pour tout le monde; Aidkoum Moubarak. J’adhère à toutes les belles fêtes du monde, à toutes les bonnes choses que recèlent les cultures et civilisations. Je rends hommage, aussi, aux peuples Maghrébins qui vivent en terre Amazighe.
Je saisis cette occasion, également, pour saluer l’initiative du Royaume du Maroc, qui a projeté d’officialiser la langue Amazighe; c’est un pas de géant. Quelque part sur terre, il y a un pays qui a reconnu l’Amazighe comme langue officielle.
C’ est un cadeau grandiose pour notre peuple; je remercie pour cela nos frères Marocains, qui se sont battus pour concrétiser ce rêve.
Mais nous devons continuer notre chemin pour que les autres pays du Maghreb officialisent, à leur tour, la langue de nos ancêtres.
Que pensez-vous des changements en cours en Afrique et dans le monde arabe ?
Je rêve d’un monde sans guerre et sans conflits. Je salue le vent de liberté qui a soufflé en Libye, mais je crains que l’odeur de pétrole ne soit la principale raison de l’intervention étrangère en sol libyen. Le peuple somalien croupit dans une famine alarmante sans que l’opinion internationale ne s’en émeuve. Hélas, en Somalie, il n’y a pas de pétrole.
On en a fait des guerres au temps des Phéniciens, Romains, Vandales et Français. On ne veut plus de guerre ni de violence. On aspire à la paix. Le peuple Amazigh est civilisé et pacifiste.
On est chez nous sur notre terre; nous revendiquons l’ officialisation de la langue Amazighe et pour nous, toutes les autres langues sont une richesse. La langue berbère n’a pas pour fonction de se substituer à telle ou telle langue.
Nous ne demandons pas à êtres autre chose que ce que nous sommes, de fiers Amazighs.
Par Wahid Megherbi, vendredi 16 septembre 2011
Atlasmedias via lavoixdumaghreb.com

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