La bande au musicien Joe Zawinul, disparu en 2007, a fait une halte au 12e Festival international du jazz de Constantine, mercredi soir. Le jazz-rock est dignement représenté par des musiciens fidèles à l’œuvre de l’artiste autrichien.
Ils ont repris le groupe The Syndicate et sont venus au Dimajazz présenter un projet musical, sorti en album en 2012 sous le titre File under Zawinul, à Budapest, en Hongrie. Un bel hommage. «Quand Joe Zawinul avait commencé avec son groupe The Syndicate, j’étais à ses côtés. J’ai accompagné tous les changements qui ont eu lieu avec l’arrivée et le départ de musiciens. Je suis restée jusqu’à la mort de Joe. Les musiciens qui sont autour de moi ont décidé ensemble de ne pas laisser disparaître The Syndicate. Nous devons continuer l’œuvre de Joe en interprétant sa musique. C’est ce que nous avons fait avec l’album. Deux générations de musiciens se sont rencontrées pour ce projet. La musique de Joe Zawinul restera en vie. C’est ma conviction», a expliqué Risa Zincke, manager du groupe et productrice de l’album.
Pianiste et clavieriste, Joe Zawinul, qui a eu à accompagner le trompettiste américain, Miles Davis, a donné à travers son groupe Weather Report, créé à New Tork au début des années 1970, un autre souffle au jazz. Soutenu par le saxophoniste Wayne Shorter. Joe Zawinul a écrit les premières lettres du jazz-rock fusion. Un courant musical porté également par, entre autres, Billy Cobham, Chick Corea et Herbie Hancock. The Zawinul Syndicate a été lancé en 1988 par le compositeur autrichien, un groupe ouvert sur le monde où se retrouvent l’Indien Amit Chaterjee, le Marocain Aziz Sahmaoui, le Camerounais Richard Bona, le Brésilien Jorge Bezerra, l’Algérien Karim Ziad, l’Ukrainien Andrej Prozorov, le Mauricien Linley Marthe, l’Ivoirien Paco Serry et le Turc Burhan Oçal…
Énergie
Au moins une quarantaine de musiciens sont passés par le band de Joe Zawinul. Mercredi soir, sous le chapiteau de Zouaghi, The Syndicate a repris des morceaux connus de Joe Zawinul, dont Gibraltar, rarement joué en live, Search et Madagascar. Le percussionniste Jorge Bezerra a usé de tous les instruments et objets possibles pour assurer le rythme comme un tuyau, un sachet en plastique, un tar, une bouteille vide et un kit de petites plaques métalliques !
Dans un solo mémorable, Andrej Prozorov, au saxo soprano, a repris l’hymne national algérien, suscitant un tonnerre d’applaudissements. Aziz Sahmaoui, aux percussions et au gumbir, a clôturé la soirée en interprétant Ana hayou, un chant du répertoire gnawi qui a plu au public du Dimajazz. «Tous les musiciens voulaient jouer avec Joe Zawinul. Mais quelle belle aventure et quel homme ! Joe a toujours porté ses musiciens très haut. On continue cette aventure qui a commencé il y a quarante ans. Nous sommes heureux de représenter The Syndicate à Dimajazz. Joe Zawinul avait cette vision de voir en l’autre ce qu’il faisait de bien et le sortir. Avec lui, tous les soirs étaient différents avec ses créations. Il y a une magie, une énergie dans la musique de Joe. Une musique qui voyage», a témoigné Aziz Sahmaoui.
Le guitariste Amit Chaterjee a accompagné Joe Zawinul pendant onze ans sur les scènes du monde. «J’ai travaillé avec lui à la maison sur des projets musicaux. La musique de Joe Zawinul est la plus riche que je n’ai jamais entendue de ma vie. Il n’y a pas de limites pour les compositions de Joe. Il était un grand pianiste classique. Ce que les gens ne savent pas peut-être, c’est que Joe Zawinul n’a jamais perdu le contact avec la folk music. Il a toujours dit qu’il était d’abord un musicien folk. C’est pour cela que cette musique de haute qualité est destinée d’abord aux gens. Sur scène avec Joe Zawinul, c’est toute une vie», a confié Amit Chaterjee qui est vocaliste aussi.
Fayçal Métaoui
El Watan 26/09/2014
La magie de Joe Zawinul reprend vie à Constantine
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