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OUVERTURE DU FESTIVAL DU FILM AMAZIGH À TIZI OUZOU, Fouroulou revisité

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Le coup d’envoi de la 10e édition du Festival culturel national annuel du film amazigh a eu lieu lundi soir à la Maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, dans la capitale du Djurdjura.
Animée par Belaïd Medjenah et Abdoune Mohamed, la soirée débuta en musique via une troupe polyphonique, suivie de l’entrée triomphale de l’artiste Graeme Allwright qui se souviendra être venu chanter ici en 1983 et de reprendre en a capella, un extrait de sa fameuse chanson Il faut que je m’en aille, en duo avec l’un des animateurs de la soirée, qui la reprendra en tamazigh. Après cette effervescence artistique, place à la longue liste des discours officiels. Dans son allocution de bienvenue, M.Ould Ali El Hadi, directeur de la Maison de la culture de Tizi Ouzou, rappellera que la date symbolique du 15 mars, choisie pour l’inauguration de ce festival à Tizi correspondait à la date de l’assassinat de Mouloud Feraoun, un certain 15 mars 1962, par l’OAS. Il saluera, par ailleurs, la ministre de la Culture Khalida Toumi de par son «impulsion dynamique de faire domicilier ce festival à Tizi Ouzou après le succès éclatant de ses différentes éditions dans d’autres wilayas du pays», tout en formulant le voeu de faire de l’Algérie un pôle de rayonnement culturel en créant une industrie du cinéma. Pour sa part, Si Hachemi Assad, commissaire du festival, fera remarquer que la ville de «tous les combats», Tizi Ouzou, est devenue désormais un acquis sous les lampions du 7e art de par ce festival tout en rappelant les noms d’artistes célèbres originaires de cette ville à l’instar de Rouiched, les frères Hilmi, Hadjira Oulebssir, Belkacem Hadjadj, Ali Mouzaoui etc.
«Tizi Ouzou fut un ciné-club à ciel ouvert, la relance du cinéma est une réalité. «Nous avons des jeunes qui ne demandent qu’à être écoutés. Nous sommes à leurs côtés. Le festival a arraché la reconnaissance des professionnels et du public», façon de dire qu’il a tenu parole et répondu aux objectifs escomptés. Et de renchérir: «La vraie force de l’Algérie est sa mosaïque culturelle. Le Festival du film amazigh a pu casser des tabous et prêcher le vrai sens de l’amazighité. Nous fêterons ainsi la 10e édition dans la ville des Genêts.» Assad rappellera les noms des trois réalisateurs ayant déjà présidé ce festival à Tlemcen, Sétif et Sidi bel Abbès, à savoir Bouguermouh, Ali Mouzaoui et Belkacem Hadjajd. Et d’évoquer le nom du pays qui sera honoré cette année en faisant un zoom spécial sur sa filmographie, autrement dit, la Roumanie à laquelle une table ronde et des projections lui seront consacrées. Il citera aussi des noms d’hommes illustres auxquels il faudra rendre hommage, à savoir Aït Saâda Mokrane, Ahmed Hocine, le fondateur de la Cinémathèque algérienne et Ahmed Séria, cinéaste disparu l’an dernier. En outre, et dans le cadre d’une table ronde autour des archives amazighes, deux noms ont été retenus: Mohamed Hilmi et Kamal Hamadi. Deux noms qu’il faut inscrire et préserver par l’image et l’écrit. Dans son discours devant «Monsieur cinéma», Ahmed Bedjaoui et le directeur du Cnca, Karim Aït Oumeziane, notamment, le wali de Tizi Ouzou, M.Hocine Maâzouz, déroulera une liste de projets culturels en chantier dont certains devant se concrétiser cette année. On cite une cinémathèque, l’ouverture imminente du théâtre Kateb-Yacine, en pleins travaux en ce moment, la création d’une annexe de la Bibliothèque nationale, une Radio nationale, un musée, un institut de musique, une école régionale des beaux- arts à Azazga et enfin une salle de spectacles d’une capacité de 3000 places.
Enfin, dans sa lecture de la lettre de la ministre de la Culture, Zehira Yahi, chef de cabinet auprès du ministère de la Culture, a réitéré la volonté de Khalida Toumi d’encourager l’art et le cinéma amazighs dans toutes leurs formes d’expression tout en répétant «son devoir d’encourager, de soutenir et d’accompagner par tous les moyens possibles le cinéma amazigh. Un appui fort qu’elle étend aux jeunes talents en vue d’un soutien massif envers la créativité». Madame Zehira Yahi recevra un tableau « d’honneur » de la main de Si Hachemi Assad. Elle saluera, en outre en préambule, la présence dans la salle, de Taleb Rabah et Akli Yahiatène. Et d’annoncer l’ouverture solennelle du festival. Arrivé sur scène, le président du jury Akli Tadjer, accompagné des autres membres, souhaitera un rapide développement au cinéma amazigh en relevant la suprématie du cinéma américain qui risque de nous aliéner selon lui et d’évoquer la raison personnelle de son retour à Tizi, la promesse faite à ses parents de revenir au pays de ses origines. Après cette batterie de discours, est arrivé le moment tant attendu de la soirée, la projection du film docu-fiction, Mouloud Feraoun de Ali Mouzaoui. Ce dernier, ému, dira qu’«il y a quelque chose de magnifique en ce que nous faisons et paradoxalement, dans des conditions très dures, a fortiori qu’on sait l’attente des gens de ce que nous faisons», une phrase adressée à la famille du défunt et martyr, Mouloud Feraoun, présente dans la salle. Conçu sur une trame linéaire, le film Mouloud Feraoun retrace les différents moments importants de la vie de l’écrivain à travers un patchwork dans lequel se mêlent reconstitution d’époque, documents iconographiques inédits et archives filmiques. Le film nous dévoile les pauvres conditions sociales de la famille de «Fouroulou» qui a dû s’endetter pour l’envoyer faire des études à l’Ecole normale supérieure de Bouzaréah. Un des rares Kabyles dans les années 1930 à pouvoir accéder en ce lieu lors de ces années de la «faim», quand la plupart s’arrêtaient au certificat d’études primaires. Un indigène n’accédait jamais au rang d’enseignant, entendons-nous parler en amazigh dans le film et sous-titré en français. En effet, une voix off s’est évertuée à nous narrer le parcours semé d’embûches de ce garçon pauvre de Tizi Hibel, de son village, à son ascension au rang d’inspecteur à l’éducation nationale jusqu’au jour fatidique, jour de son assassinat. Image non montrée. D’ailleurs, on ne verra pas grand-chose de sa vie, ci ce n’est cette image redondante de lui assis devant sa table en train d’écrire, avec ses amis, ses enfants ou un bref moment avec sa femme.
D’ailleurs, le film privilégie une certaine forme didactique rappelant à notre mémoire la richesse de ses oeuvres littéraires en les plaçant dans leur contexte historique. Cependant, à la manière de Mimezrane, il y a comme un côté merveilleux dans ce film qui pousserait à dire qu’il est plus destiné aux enfants. Un film lisse qui décrit la souffrance de l’être Feraoun sur un fond de musique classique continue. Un film qui mérite tout de même d’exister. Un docu-fiction, sans parole, mais qui tend plus à la suggestion par le pouvoir des sentiments, notamment à travers cette image de «Fouroulu» révisant ses leçons, à la lumière d’une seule bougie.
De notre envoyée spéciale O. HIND
http://www.lexpressiondz.com
17 03 2010

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