RFI: Gnawa Diffusion, la révolution continue Nouvel album, Shock el Hal

Gnawa-Diffusion © C. Derwicha
Gnawa-Diffusion © C. Derwicha
6/11/2012 – RFI
Annoncé au début de l’été par la sortie la compilation Audio-globine 20 ans d’âge et par une série de concerts, le retour de Gnawa Diffusion après 5 ans d’absence, est aujourd’hui une évidence. En 13 titres piquants comme le figuier de Barbarie en illustration, Shock el Hal nous parle du monde d’aujourd’hui, du combat pour l’émancipation, et d’amour.
Quand fin 2007, Gnawa Diffusion tire sa révérence après 15 ans de bons et loyaux services, personne, à commencer par les membres de ce groupe grenoblois, ne mise un dinar sur une hypothétique reformation de ce groupe qui croise musiques actuelles et répertoires gnawi la musique des esclaves noirs en Afrique du Nord.
Chacun trace alors sa route, inventant un futur qui lui ressemble. C’est ainsi que moins de deux ans plus tard, un certain 17 octobre 2009, date anniversaire de la manifestation des Algériens de Paris réprimée dans le sang, paraît Marchez Noir, l’album solo de l’ex-leader Amazigh Kateb.
S’en suit de nombreux concerts. « Sur la dernière tournée, se souvient Amazigh Kateb, des membres de Gnawa Diffusion m’ont rejoint. On jouait mes nouveaux titres et forcément, on reprenait quelques titres de Gnawa Diffusion. Ça s’est fait naturellement. ». L’échéance des 20 ans précipite les retrouvailles.
Avant l’été, paraît Audio-globine. La compilation réunit 13 titres du groupe grenoblois. « Nos albums n’étant plus disponibles, nous avons choisi de faire paraître notre best of et d’y ajouter, un inédit, une de nos nouvelles compositions » explique le fils de l’écrivain Kateb Yacine. Le doute n’était plus possible, Gnawa Diffusion est bel et bien de retour.
10 membres et un nouvel album
Le clavier Blaise Bâtisse et DJ Boulaoune, tous deux présents aux côtés du chanteur lors de son solo, rejoignent Gnawa Diffusion. Désormais, fort de 10 membres disséminés entre la préfecture iséroise, Lyon, Paris, Lille et même un village de la Drome pour le chanteur, Gnawa Diffusion travaille par séquence, en résidence.
Pour le chanteur qui n’a pas hésité à proposer au groupe des titres qu’il avait imaginé pour son prochain opus solo, la ligne de démarcation entre titres personnels et titres pour le groupe intègre plusieurs paramètres : « C’est principalement lié au texte, au propos ou à l’esthétique. Mélanger le chaâbi (musique populaire) algérois par exemple, ne rime à rien. C’est une musique forte dont l’univers se suffit à lui-même. Il est difficile de la mélanger, de la conduire sur le terrain de la fusion telle que nous la pratiquons au sein de Gnawa Diffusion. C’est pourquoi je garde ce genre de pièces pour mes albums en solo » explique le chanteur avant d’ajouter : « De même, tout ce qui touche aux textes de mon père est délicat à manipuler au sein de Gnawa Diffusion. Si je peux me permettre de triturer mes propres textes pour qu’ils collent à la musique, je m’interdis de le faire avec ceux des autres. Encore plus quand ils sont de mon père. Je ne peux pas faire n’importe quoi avec. Je reste tout petit devant » avoue-t-il. « Pour les interpréter, il faudrait que je trouve l’écrin qui me convienne. »
Poétiques et militantes, les 13 chansons de ce nouvel album parlent du monde d’aujourd’hui, et des humains qui le font vivre. Bien sûr, les révolutions arabes y ont toute leur place. « On nous en parle à la télé, à la radio, comme si elles avaient vécu, comme si on était après, alors qu’on en est qu’au début. Tout reste à faire, analyse-t-il avant de lâcher : Je veux rendre hommage à tous ces hommes et toutes ces femmes qui sont sortis de terre, pour clamer leur colère, leur courage. Vive la révolution, tant qu’elle est vivante ! ».
Amazigh Kateb est en lutte. Amazigh Kateb dénonce « les multinationales qui dans les armes investissent, les marchés boursiers de Wall Street à Paris… « , mais aussi les médias, « le nouveau Dieu », le pouvoir algérien qui a confisqué la révolution algérienne. Dans Do you remember, il chante l’amnésie volontaire des Algériens qui « ont attrapé Alzheimer » comme il dit avec un accent prononcé « pour oublier le chômage ou le mot de trop du patron, pour supporter l’escroquerie dans laquelle ils vivent. »
Accent dont il joue délicatement sur sa reprise de Chanson pour l’Auvergnat de Georges Brassens. « C’est une chanson que j’avais envie de reprendre depuis une dizaine d’années » explique-t-il. « Bien avant que Brice Hortefeux (ndlr : ancien ministre de l’intérieur français) nous sorte son joker « auvergnat » après les propos qu’il avait prononcés devant camera lors de l’université d’été de l’UMP. La mélodie est chaâbi. A l’heure du renfermement, chanter l’auvergnat avec le « reu » dans la gorge, c’est assez jubilatoire. Il n’y a pas mieux que Brassens pour dire tout ça, pour parler du pauvre, de la femme qui même en France est discriminée et de l’étranger. »
Gnawa Diffusion Shock el Hal (L’Autre Distribution) 2012
Gnawa Diffusion en concert à la Cigale le 21 novembre 2012
Par Squaaly RFI 16/11/2012

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