Bon baiser d’Algérie, Interview Jean-Luc Martinez.
Elle ressemble à une héroïne des films de Pedro Almodovar mais c’est son compatriote algérien Nadir Moknèche qui en a fait son égérie au cinéma. Biyouna a tourné sous sa direction « Le Harem de madame Osmane », « Viva Laldjérie » et plus récemment « Délice Paloma », où elle incarne une mafieuse redoutable. Mais la star algéroise est programmée, ce soir, à Rio Loco parce qu’elle chante aussi. Son dernier album « Une blonde platine dans la casbah » lui permet de retrouver l’ambiance des cabarets où elle a débuté.
Drôle, généreuse, sincère, engagée, Biyouna est une femme libre qui ne mâche pas ses mots, sans perdre sa bonne humeur, ni son sens de l’humour.
Après le Marathon des mots, êtes-vous heureuse de revenir à Toulouse ?
C’était génial le Marathon des mots, j’avais la chair de poule. Je suis ravie de revenir pour Rio Loco avec Idir. C’est un seigneur, un homme très intelligent. Je ne l’ai encore jamais rencontré alors je vais aller écouter son concert.
Pensez-vous que c’est important de célébrer le Maghreb en France ?
C’est très important. Le Maghreb c’est la France aussi. Surtout avec l’Algérie, on forme une famille. Il faut tourner la page et ce que fait Rio Loco est beau. ça me touche car je suis une femme de paix.
Est-ce difficile d’incarner l’image de la femme algérienne libre, épicurienne, indépendante ?
Je l’incarne depuis que j’ai ouvert les yeux. Ma mère et a grand-mère étaient des femmes soumises. Moi, je ne l’ai jamais accepté. Petite, j’étais la rebelle de la maison, le vilain petit canard. Les filles en Algérie et les beurettes en France me disent Biyouna on est fières de toi.
Comment gérez-vous vos rapports avec les fanatiques religieux que vous condamnez dans vos concerts ?
Ces gens-là savent que je suis franche et qu’on ne me fera pas taire. Même les barbus sont de mon côté. Les fanatiques je ne les calcule pas. Comme on dit en Algérie, je suis née à 9 mois et eux aussi. Si je meurs, je ne mourrai pas idiote et soumise.
D’où vous vient ce courage d’aller au bout de vos désirs ?
De mon vécu pendant la décennie noire en Algérie. J’ai pensé partir à un moment mais quand je sortais au marché, les gens me disaient merci d’être toujours avec nous. Je montais sur scène, je ne me suis jamais arrêtée. C’est le bon Dieu qui me guide. Je n’en veux pas à ceux qui sont partis. Il faut comprendre la peur. Moi, je l’ai dépassée.
C’était important de dédier votre album « Une blonde platine dans la casbah » à votre maman ?
Oui car si j’ai perdu beaucoup d’amis avec le terrorisme, ma sœur, mon père, c’est quand ma mère est partie que je suis devenue orpheline. Elle est morte dans mes bras et je me suis dit que je n’avais pas assez fait de choses pour elle. Elle a toujours voulu que je fasse ce que je voulais. Elle m’encourageait en cachette comme pour se venger de ce qu’elle n’avait pas pu faire. Elle serait heureuse de me voir.
Qu’allez-vous chanter à Toulouse ?
Mon dernier album et des surprises… avec cinq musiciens merveilleux. J’adore Patricia Carli, je vais chanter « Demain tu te maries » et « Les Mal-aimés ». Mais aussi « La Man » de Christophe. J’étais fan de lui au lycée et de tous les yéyés.
Quels sont vos projets au cinéma et au théâtre ?
J’ai des propositions au cinéma et à la télévision avec la deuxième saison de « Aïcha » pour France 2. Et avec mon manager et producteur Olivier Gluzman, on a décidé qu’à la rentrée, j’allais faire un one-woman-show à Paris.
Programme
Vendredi 19 juin : Amacharou (conte, 17h30); Djerba International (groove, 18h30); Biyouna (chanson, 20h); U-Cef (électro hip-hop, 22h); Mounir Troudi et Eric Truffaz Quartet (jazz, 23h30).
Samedi 20 juin : «La Place publique» (conte, 17h30); Akim El Sikameya (fusion arabo-andalouse, 18h30); Légendes du raï (raï, 20h); Amazigh Kateb (reggae ragga, 22h); Archie Shepp et The Dar Gnawa de Tanger (jazz, 23h30).
Dimanche 21 juin : «Le Marabout d’magie» (spectacle de rue, 17h30); Akli D (folk kabyle, 18h30); Casbah Club (chââbi, 20h); Rachid Taha (rock fusion, 22h); H-Kayne et Fréquence 31 (création hip hop, 23h30).
Tarifs: 5€ la soirée (4 concerts, un spectacle jeune public, une projection de film en plein air), 20€ le pass festival pour les 5 jours. Accès au site de 16h30 à minuit. Informations sur la billetterie au 05 61 ….
Courts métrages
La traditionelle programmation de cinéma de minuit qui débute, chaque soir après le concert de 22h, est complétée par d’une projection de courts métrages. Pour la deuxième année consécutive et suite au succès de l’édition précédente, Rio Loco et le Festival Séquence court-métrage renouvellent leur partenariat. Chaque soir, à partir de 22h45, dans le village du festival, entre trois et quatre courts pour une durée d’une heure environ sont l’occasion entre deux concerts de s’aérer l’esprit, de se reposer, de rêver avec notamment «Bonne nuit Malik» de Bruno Danan. L’histoire d’un jeune garçon qui vit avec son frère… 1er Prix du festival Miroirs et cinémas d’Afrique.
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19 06 2009