WATCHA CLAN – Nomades et … libres

Dix ans déjà que la musique de Watcha Clan joue avec la bande sur le tapis vert de la Grande Bleue. A l’heure de l’anniversaire, ils ont su rebondir, avec force, casser le jeu comme on dit au billard. Ce renouveau a même failli les amener à déposer leur nom sur le bord de la route pour repartir plus léger encore, comme neuf. Finalement, le clan recomposé est toujours là. C’est lui qui présente Diaspora Hi-Fi, leur nouveau projet. La «party» peut recommencer.
Clairement électro, le son de ce monde en mouvement propulse le clan dans de nouvelles sphères. Qu’ils grapillent ici une accélération subite du temps ou déposent là, un hommage enraciné, le clan, véritable famille incarnée par la voix de Sista K, n’oublie jamais son sort, sa mission, sa quête d’espace et de liberté. Nomades avant tout !
Nomades, donc indépendants ! Décider par eux-mêmes, avancer à leurs rythmes, fixer leur propre cap est vital pour ce clan. A l’heure de se remettre en route, Sista K, Clem, Matt et Soupa Ju, qui par souci d’efficacité est passé des sunlights à la pénombre, ont rencontré Christoph Borkowsky Akbar, figure mythique des musiques du monde et boss du label indépendant berlinois Piranha Musik. Hasard des calendriers, Piranha fête cette année son vingtième anniversaire. Choc des mondes, des générations, cette rencontre ne pouvait mieux tomber. Mutuellement séduits, ils décident de porter ensemble ce Diaspora Hi-Fi.
Jamais en place, Sista K rejoue à chaque instant son histoire familiale. Ashkénaze par sa mère, sépharade et berbère par son père, un militant indépendantiste Algérien qui, avant même de naître fût reconnu français (en 1870, le décret Crémieux concéda la nationalité française à la population juive d’Algérie), elle aurait pu naître en Israël où ses parents se sont connus. Sista K a vu le jour à l’ombre de la Bonne Mère. La Belle de Mai, La Busserine, Le Merlan ; c’est sa géographie intime, son triangle des Bermudes. Elle ne s’y perdra jamais, bien au contraire. Elle reconnaît même, des années après que cet univers a forgé la femme qu’elle est aujourd’hui, l’a aidée à se trouver. «A l’époque, dans les Quartiers Nord, on ne se souciait pas de savoir si l’on était juif ou musulman. On vivait ensemble» souligne-t-elle, «et cette vie était très stimulante !».
Juif, musulman, catholique ou même athée ? Qu’importe pourvu qu’on ait la foi, semble-t-elle affirmer. Pourvu qu’on ait la foi dans l’homme, la femme sans autre motif que celui de la fraternité, Sister ! Cet élan du coeur anéantit la notion même de frontière. Libres de circuler ou contraints de le faire, ces hommes et ces femmes constituent un avenir possible, un futur plausible, même si selon Théodore Monod un sage parmi les sages qu’ils samplent en grande largeur : «Pour les ministères, pour les bureaux, un homme libre, c’est inacceptable…».
Passeurs de cultures et d’humanités, ils jonglent avec les rythmes, avec les langues (français, arabe, hébreu, anglais) au gré des souvenirs, des rencontres, des haltes. Des rengaines d’Europe de l’Est que chantait à sa fille la mère de Karine; au chaâbi , ce blues algérien transmis par Nassim le «khouya» d’Oran rencontré en 2003 et revu depuis régulièrement, au groove chérifien des Gadiriens d’Amarg Fusion, aux lyrics enflammés des frères Bourbia, les deux MCs du groupe oranais Tox ou au kick hip-hop qu’affectionne Clem, le musicien du clan et virtuose du sampleur ; Diaspora Hi-Fi, leur nouvel album, revendique la liberté d’esprit des gens du voyage. « Ça nous engage, nous motive » assurent en choeur Ka et Clem. «Depuis qu’on a compris par où passait notre chemin, on l’arpente dans tous les sens.».
Libres, nomades et engagés !
Squaaly.
http://www.watchaclan.com
http://www.myspace.com/watchaclan

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