Les « Darons de la Garonne » Mouss et Hakim mettent en musique des textes de Claude Nougaro

Tous les jours, une personnalité s’invite dans le monde d’Élodie Suigo. Aujourd’hui, le duo de chanteurs Mouss et HakimArticle rédigé par

Elodie Suigo – franceinfo Radio France Publié le 01/12/2021

Connus pour avoir été membres du groupe emblématique Zebda, les deux frères toulousains ont également une carrière à deux. Début octobre, ils ont sorti leur nouvel album, Darons de la Garonne, dans lequel ils mettent en musique des textes du poète-chanteur Claude Nougaro.

franceinfo :  Mouss et Hakim, vous êtes fiers que la famille Nougaro vous ait confié ces textes ?

Oui, et le mot « confié » nous plaît beaucoup d’ailleurs, parce qu’il y a une notion de transmission qui nous parle. On est fiers et heureux d’être légitimés par ce cadeau.

Quand vous étiez petits, Nougaro était incontournable dans le quartier des Minimes à Toulouse, où vous avez grandi !

C’était la vedette ! Dans notre quartier, il y avait le Stade Toulousain et Claude Nougaro, avant Zebda.

Il vous a même écrit une chanson, c’est rare les artistes qui peuvent se permettre de dire que Claude Nougaro leur a écrit une chanson !

Ça s’appelle Bottes de banlieue, c’était en 2002. Il nous ramène avec lui dans son histoire, c’est ça cette histoire de transmission, ça donne de l’humanité à une situation quelque fois difficile à décrire. 

« Quand il nous confie ce texte, on était comme des enfants devant quelqu’un qui avait l’âge de notre père et qui était comme un frère.« 

HAKIM ET MOUSS À FRANCEINFO

Les mots, la poésie permettent de donner  aux émotions leur corps. « Pour visiter l’état des lieux, j’ai mis mes bottes de banlieue. Les bottes de banlieue, ça me botte. C’est plein de petits potes gracieux, de petits poux, c’est facétieux, plein de cailloux dans les culottes. Ils occupent de somptueux fromages de gruyère, de ciment et de fer, alors que voulez-vous ? Ils râpent !« 

Je voudrais que vous me racontiez qui vous êtes, d’où vous venez, comment vous avez grandi avec cette maman qui ne jetait rien parce que l’argent venait à manquer à la maison. Vos parents ont été des piliers ?

C’est déjà le courage de l’exil, parce qu’on ne quitte pas sa famille, ses amis, de bon coeur. C’est pour chercher un avenir meilleur. On a eu une éducation très respectueuse de l’endroit où on vit, de la France. Nos parents étaient en même temps analphabètes, mais très cultivés, très mélomanes les deux, il y avait beaucoup de musique à la maison. Du coup, ça nous a mis sur le droit chemin sur la manière de voir et de faire les choses, et du coup de faire de la musique.

La musique, vous avez vite compris que ça pouvait devenir un exutoire, une façon de formuler les choses ?

Très tôt on a senti, dans notre bande originale à nous, que ce soit des chansons écoutées par nos parents ou qu’on a découvertes par nous-mêmes, que ce soit Renaud, Bob Marley, qu’on pouvait souligner le sentiment d’injustice en-dehors des discours. Et nous on avait déjà cet avantage d’être frères, d’avoir quelque chose à transmettre qui remontait au plus profond ne notre enfance.

Et tout ça sans jamais inciter à la violence.

C’est l’éducation qu’on a reçue, nos parents étaient militants au quartier. Certes ils sont analphabètes, mais ils parlent trois langues, arabe, kabyle et français. C’est important pour nous depuis toujours que se dégage une énergie positive de tout ça. Pour porter une idée de progrès, se détruire n’avait pas tellement de sens. Une équation qu’on adore, c’est l’envie d’en être et la complémentarité des savoir-faire. Pour nous, c’est la définition de la citoyenneté.

Vous êtes fiers de ce parcours, de pouvoir remonter sur scène ?

Ca a été une bouffée d’oxygène dans cette période où ce n’est pas qu’on a pris le temps, mais on l’a eu. On est allés beaucoup plus loin que ce qu’on imaginait en termes de production, et dans la musique aussi ! Il y a les mots, la mélodie, mais il y a notre manière d’arranger les choses aussi, et ce qu’on a envie de faire passer dans l’harmonie, les sons, on a mis des cordes, ce qu’on avait jamais fait avant.

« On a fait notre première chanson d’amour en trente ans de carrière ! »

HAKIM ET MOUSS À FRANCEINFO

On est très heureux non seulement du résultat, mais aussi de ce souffle que ça nous apporte, de la fraîcheur quasiment comme au premier jour. Quelle chance ! 

Photo Mouss et Hakim, chanteurs du groupe Zebda, à Toulouse (Haute-Garonne) le 13 octobre 2021 (REMY GABALDA / MAXPPP)

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