ONB: “Nous aimerions bien revenir chanter dans notre pays”

YOUCEF BOUKELLA, MEMBRE DE L’ORCHESTRE NATIONAL DE BARBÈS, À LIBERTÉ
Jean Amrouche, poète algérien, est décédé le 16 avril 1962. Il serait très heureux dans l’au-delà du fait que l’Algérie est indépendante, chose qu’il a commencé à revendiquer depuis les années 1940.
Liberté : L’Orchestre national de Barbès se produit pour la première fois en Algérie, à Constantine. Quel est votre sentiment ?
Youcef Boukella : Cela fait très plaisir de venir pour la première fois en Algérie, surtout dans un festival comme Dimajazz qui commence même à être connu à l’étranger dans le milieu jazz. Ça fait plaisir à tout le monde, à Taoufik Mimouni, qui est du Maroc, qui n’est jamais venu à Constantine, à Manu Le Houezec, qui est déjà venu à Alger et à Tizi Ouzou avec d’autres groupes, mais jamais à Constantine, à Mehdi Askeur, qui est d’Oran made in “tawaâna” et à moi aussi.

Du rock, un passage dans une école de jazz, du jazz underground. Dans quel registre vous inscrivez-vous ?

Je fais de la musique, c’est tout. En fait, c’est un peu comme le parcours de tous les musiciens de l’ONB, ça veut dire qu’on fait plein de choses différentes. Par exemple, Manu, qui est Breton, joue du saxe et d’autres instruments traditionnels, il a beaucoup baigné dans le milieu rock/punk ; avec Khlif Miziallaoua, Mustapha Mataoui et moi, qui sommes d’Alger, on a fait un parcours presque pareil, puisqu’on est venu à un moment à Paris pour faire des études de musique, on est passé un peu par le jazz, par la salsa, par les mariages raï, kabyle, un peu tout quoi, on n’a pas un genre précis.

Chaque membre de l’ONB a un parcours atypique. Quel est le lien qui vous relie ?

Je crois que le lien s’est fait comme ça, au fur et à mesure, spontanément. C’est le public qui fait, en fait, le lien entre nous. Par exemple, dans ce groupe, vous avez Hafid Bidari qui est Oranais aussi, qui est un vrai gnawa, qui fait du vrai gnawa, il vient d’intégrer le groupe il y a deux ans. Donc, lui, il a ramené une touche qui avait disparu dans ce groupe depuis le départ de Aziz, et il y a Taoufik qui est là depuis le début, c’est plus marocain, il a une très bonne maîtrise de la musique orientale et marocaine. Donc, le groupe, c’est un mélange de tout cela.

Bougnoule Connexion, L’U-sine, des passages qui ont marqué votre parcours. Un mot ?

Pour le premier, c’est un parcours d’une quinzaine d’années à peu près, à Paris. Djalil Achiou, qui était aussi manager du groupe, avait monté le concept de Bougnoule Connexion était au départ quelque chose d’humoristique en fait par rapport au racisme, mais qui a tout de suite pris une ampleur un peu ambiguë et on a vite fait de quitter ce chemin pour revenir à un concept plus musical, plus saint, plus clair, pour rester dans ce qu’on fait nous. Quant à L’Usine, c’est un lieu, une espèce d’usine désaffectée qui est devenue un local pour les répétitions où se sont rencontrés tous ces gens, comme Sidi Bémol, l’ONB, Gaâda de Béchar…

Le 4e album de l’ONB sortira ces jours-ci…

Il sort effectivement le 21 mai, en France et en Europe chez Harmonia Mundi, ça s’appelle Rendez-vous Barbès. On a repris le son du groupe à l’origine, c’est-à-dire un paysage un peu maghrébin, on a repris aussi des chansons sur cet album. On a repris deux titres marocains qu’on a enchaînés et c’est Mehdi qui chante ça ; c’est une partie qu’on avait négligée dans le précédent album. Donc, là, on est revenu vers des trucs un peu maghrébins. Ce sont des propositions de Taoufik Mimouni qui est Marocain d’origine.
Il y a eu des départs au sein de l’ONB, le dernier est celui de Fateh. Cela ne va-t-il pas fragiliser la cohésion du groupe ?
Non, non ! Le concept de l’ONB, c’était ça dès le départ : des musiciens et chacun d’eux ramènera avec lui son style musical. Fateh Benlaâla est un excellent musicien de haouzi, de chaâbi et de kabyle aussi. Il chantait la partie kabyle du groupe. Il y a eu Aziz Samaoui, qui était là depuis le début, qui est Marocain et qui faisait la partie gnawa du groupe et avant lui, il y a eu d’autres départs. Donc, chacun est libre. Moi-même j’ai arrêté avec le groupe pendant une année, après je suis revenu.
Des projets de concerts ou d’une tournée algérienne ?
Nous aimerions bien revenir chanter dans notre pays et je pense que tout le monde veut venir en Algérie. C’est vrai que nous ne sommes jamais venus chanter ici, nous n’avons pas eu de propositions, mais nous sommes prêts à venir. À propos, je voudrais profiter pour clarifier quelque chose. En 2001, une rumeur circulait que l’ONB allait chanter à Alger, même des affiches circulaient, alors que le jour dudit concert, on devait chanter ailleurs. Je ne sais pas qui avait fait ça. Une chose est sûre, on n’a jamais eu de proposition. C’était une mascarade et on n’a rien à voir avec.
Par : Amine Idjer

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